L’art subtil de s’en foutre

Auteur : Mark Manson

Editeur : Eyrolles, 2016

L’art subtil de s’en foutre – Le pitch

En finir avec la pensée positive. Tel pourrait être le sous-titre de cet ovni figurant au rayon « Développement personnel ». Singulier par son sujet (« Le bonheur est un problème »), singulier par son traitement (tutoiement du lecteur, langage cru, dérision), L’art subtil de s’en foutre est pourtant beaucoup moins décalé qu’il n’y parait au premier abord. Dénonçant la société du paraître, il nous invite à renouer avec l’effort pour ce qui compte vraiment : « être avec tes potes, venir en aide à quelqu’un, lire un bon bouquin, te marrer avec les gens que tu aimes. » Autant de plaisirs simples qui, in fine, constituent le sel de la vie et que l’avancée en âge se charge de nous faire (re)découvrir, notamment à l’approche de la cinquantaine. Mais il n’est pas interdit de prendre les devants si vous êtes plus jeune…

Pourquoi il faut avoir lu ce livre ?

La société contemporaine a érigé la beauté, le pouvoir, la fortune en tickets gagnants pour la félicité. De quoi plonger des milliards d’individus dans la frustration, persuadés que le bonheur est un destin et non un choix. Dénoncer cette supercherie, tel est le propos salutaire de Mark Manson dans L’art subtil de s’en foutre. Comme de nombreux jeunes gens de sa génération, Mark, aujourd’hui trentenaire, blogueur et auteur à succès, s’est longtemps rêvé en leader de groupe de rock. En vain. La raison : « je kiffais le résultat… mais je ne kiffais pas assez le chemin pour y arriver. » Cette leçon de vie est au cœur de l’ouvrage dont vous lisez le résumé : sans effort, pas de récompense. Mais attention à ne pas se tromper de combat. Résister au superficiel pour se consacrer à l’essentiel, tel est le second principe partagé par l’auteur avec, au programme, la revalorisation de cinq idées apparemment repoussoirs que sont la responsabilité radicale, l’incertitude, l’échec, le rejet et notre condition de mortel.

L’art subtil de s’en foutre – Le résumé 

Apprendre à dire stop est l’un des principaux enseignements de L’art subtil de s’en foutre. Mais stop à quoi ? Et pourquoi ? 

1. En finir avec le superficiel et le factice

La publicité a eu raison d’une partie d’entre nous. Nous montrant à longueur de spots des personnes satisfaites de leur dernière voiture, de leur dernière enceinte ou même de leur dernier ingrédient culinaire, elle véhicule l’idée simple mais efficace selon laquelle le bonheur s’achète. Mais à l’épreuve des faits, cette certitude se fissure : la quête du toujours plus étant par définition inextinguible, pourquoi s’infliger une telle frustration ? Au jeu de la comparaison, nous sortirons toujours perdants. 

Si le constat est sans appel, difficile cependant de couper avec les mauvaises habitudes. Difficile mais indispensable, comme le démontre Mark Manson en nous incitant à observer la vie telle qu’elle est, avec son lot de problèmes quotidiens plus ou moins complexes à résoudre mais qui, in fine, contribuent à notre bonheur. C’est la loi de l’effet inverse, développée par le philosophe Alan Watts. Eh oui, on n’a rien sans rien : « où que tu ailles, il y a des emmerdes qui t’attendent. Et c’est génial. Le truc, ce n’est pas de les fuir, c’est d’identifier les emmerdes motrices, celles qui t’insufflent l’envie de foncer. »

D’où la question à se poser en préliminaire : pour QUOI suis-je prêt à souffrir ?

2. Choisir ses combats

Combien de fois par jour sommes-nous contrariés par des broutilles ? De la douche trop froide au café trop chaud, des quelques minutes d’attente supplémentaires sur le quai du métro au manque de temps pour boucler un dossier, les contrariétés s’enchaînent et la rancœur augmente. 

Seulement voilà : « si tu estimes que tout ça mérite que tu sortes de tes gonds, c’est que tu n’as rien compris à rien », nous avertit Mark Manson, qui enfonce le clou en affirmant : « entre maintenant et l’heure de ta mort, c’est-à-dire pour le peu de temps qu’il te reste à vivre, tu as une quantité limitée – très limitée, en fait – d’êtres et de choses qui valent la peine que tu leur prêtes attention. » 

Cette prise de conscience est salutaire. Elle nous invite à réordonner nos priorités. D’où le titre de cet ouvrage : L’art subtil de s’en foutre qui, précise l’auteur, ne prône aucunement l’indifférence généralisée mais plutôt le lâcher prise vis-à-vis de l’accessoire. Une démarche exigeante, parfois le travail de toute une vie.

3. Réussir sa vie à partir de « valeurs négatives »

La plupart des quinquagénaires vous le diront : ils se sentent bien mieux dans leur peau aujourd’hui qu’à 20 ans. La raison tient en six lettres : lambda. Oui, leur trajectoire ne les a jamais propulsés sur le devant de la scène et pourtant, ils sont heureux. Ordinaires et heureux. 

Mais pour en arriver là, ils ont dû mener un travail introspectif de longue haleine afin de dégager les valeurs sur lesquelles repose désormais leur vie. Car de nombreux leurres ont jalonné leur parcours, au rang desquels figurent notamment le plaisir, la réussite matérielle, le sentiment d’avoir toujours raison, le besoin de tout positiver : quatre valeurs qui, selon Mark Manson, constituent des « idéaux minables » puisque « beaucoup des grands moments de notre vie ne sont en effet ni agréables, ni réussis, ni connus, ni positifs. »

D’où l’invitation de l’auteur à se polariser sur cinq « valeurs négatives » qui, selon la loi de l’effet inverse examinée au premier paragraphe, permettent de sortir renforcé à mesure qu’elles s’incarnent dans notre existence.

Ces valeurs sont les suivantes :

1°/ endosser la responsabilité de tout ce qui nous arrive. Certes, des situations plus ou moins graves s’imposent à nous. On ne choisit pas d’être agressé ou malade. Mais il nous appartient de décider comment nous allons gérer les suites de cet épisode traumatique : certains tenteront un retour à la normale, ou presque, quand d’autres opèreront une rupture complète avec leur passé.

2°/ ériger le doute en principe de vie. Pour Mark Manson, « être capable de considérer et d’évaluer d’autres points de vue sans forcément les adopter est sans doute LA compétence la plus importante pour évoluer soi-même de manière constructive. »

3°/ Accepter la possibilité de l’échec. En d’autres termes, impossible de réussir sans une bonne dose d’audace et d’inconfort. Foncer demeure le meilleur antidote contre la peur de ne pas y arriver. En effet, travailler à résoudre un problème stimule l’émergence d’idées nouvelles et nous conforte dans le sentiment d’avancer, ce qui renforce notre motivation, elle-même à la base de notre envie d’agir etc. La spirale positive est enclenchée.

4°/ S’opposer. On ne peut avancer sans faire des choix, ce qui sous-entend de réfuter la plupart des options qui se présentent. Paradoxalement, cette focalisation sur quelques objectifs clés est libératrice : « parce qu’on n’y est plus distrait par ce qui relève de la vanité. Parce qu’elle aiguise l’attention et la capacité de concentration, les orientant vers ce qui est le plus susceptible de nous épanouir. »

5°/ Affronter notre condition de mortel. « Qu’il débouche sur la maîtrise d’un art, la conquête d’une nouvelle terre, l’accumulation de richesses ou l’engendrement d’une lignée dont le nom se perpétuera d’une génération à l’autre, le sens de notre vie est tout entier déterminé par cette aspiration innée à ne jamais mourir tout à fait. » En finir avec cette illusion d’immortalité est la meilleure façon de se délester de contraintes inutiles. 

L’art subtil de s’en foutre – Pour conclure

L’art subtil de s’en foutre entend réconcilier nos contemporains avec une valeur qui n’a généralement pas bonne presse : la souffrance. 

Qu’elle soit physique et/ou psychologique, la souffrance nous incite à nous écarter d’un danger immédiat (retirer notre main du feu) et à changer (refouler notre timidité pour ne plus vivre isolé par exemple). Dans cette perspective, les problèmes sont à la base de tout progrès. La célèbre formule de Michael Jordan « J’ai échoué encore et encore dans ma vie, voilà pourquoi j’ai réussi » corrobore ce constat.

On peut même ajouter, à l’instar de Mark Manson, que les problèmes sont la condition du bonheur : « si tu les évites ou si tu as l’impression de ne pas en avoir, pauvre de toi : tu en seras malheureux à coup sûr. Idem si tu te sens incapable de les résoudre. Être heureux implique d’avoir un truc à résoudre. »

Reste à déterminer votre « truc à résoudre » en prenant soin de vous écarter du mantra « développement personnel et réussite vont de pair ». On peut très bien réussir sa vie sans rencontrer le succès. Juste en acceptant sa « normalité ». Dit autrement et par Claude Roy : « les gens heureux n’ont pas d’histoire ». Tant mieux.

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Philippe Douale

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