Demandeur d’emploi ou trouveur d’emploi : il faut choisir.
Jadis, en l’an 2022, Jean et Frank se retrouvèrent sans emploi à la même période. Ils ne se connaissaient pas et leurs recherches d’emploi furent… différentes, c’est le moins que l’on puisse dire. L’un choisit la casquette du demandeur d’emploi et l’autre celle du trouveur d’emploi.
Jean, le demandeur d’emploi
En tant que demandeur d’emploi, Jean était pressé de retrouver un nouveau job. C’est compréhensible car la rupture avec son précédent employeur avait été inattendue, rude et brutale. Il ne s’attendait pas du tout à vivre pareille situation. Certes, depuis quelques temps, il sentait qu’il se tramait quelque chose. Il commençait à observer des changements de comportement autour de lui. Parfois il en venait à penser qu’il était sur la sellette mais rapidement il se rassurait. Il était loin de s’imaginer ce qui allait se passer. Son employeur lui faisait de bien jolies promesses. Cela faisait cinq ans qu’il était mené en bateau et ce fut finalement la toute nouvelle recrue qui fut nommée au poste qu’il convoitait tant. Après 15 ans de bons et loyaux services, il fut remercié. C’était un vendredi à 17h45. Il n’eut que quelques minutes pour rassembler ses affaires avant d’être raccompagné jusqu’à la porte. Il quitta l’entreprise, sans même avoir le droit de toucher une dernière fois à son ordinateur.
Il voulu tourner la page au plus vite en se lançant immédiatement dans l’action. Son amour-propre avait été écorché et il voulait absolument montrer à tous ses amis qu’il n’était pas encore bon pour la casse et qu’il valait encore quelque chose.
Alors Jean se dépêcha de remettre la main sur son CV et le mis rapidement à jour avant de prévenir frénétiquement toutes ses relations qu’il était sur le marché et disponible immédiatement. Il téléphona une par une à chacune de ses relations. Il prit rendez-vous avec elles, se satisfit de remplir ainsi son agenda et courut de déjeuners en déjeuners.
Ce fut d’interminables déjeuners mais qui lui firent beaucoup de bien. En effet, il en voulait terriblement à son précédent chef. Il en parlait sans arrêt avec tout le monde. Jean ne décolérait pas. On sentait bien qu’il était toujours en colère, inquiet et fragile. A chaque entretien, il passait toujours pour quelqu’un de négatif. Dans ces conditions, il lui était impossible d’inspirer confiance.
Il contacta les chasseurs de têtes qu’il connaissait bien et puis se mit à contacter les très nombreux autres. Il répondit à des centaines d’annonces et envoya des dizaines de candidatures spontanées. Pour lui, ce qui comptait le plus, consistait à arroser ses contacts avec son CV, prévenir qu’il était disponible et rédiger des lettres de motivation. D’ailleurs son épouse, un peu inquiète et désireuse elle aussi qu’il retrouvât rapidement, lui demandait chaque soir combien il avait envoyé de Cvs dans la journée. En réalité, Jean n’avait pas appris à gérer ses proches durant sa transition professionnelle.
Jusqu’à présent, on était toujours venu le chercher. Il n’avait jamais vraiment eu besoin de chercher un job. D’ailleurs dès le début de ses recherches, il pensait qu’il n’en avait pas pour longtemps à retrouver. « C’est l’affaire d’un mois ou deux » disait-il. Il ne ressentait donc absolument pas le besoin d’être aidé dans ses démarches.
Jean ne savait pas vraiment ce qu’il voulait faire. Lui, disait le contraire. Il clamait à qui voulait bien l’entendre qu’il pouvait travailler dans n’importe quel secteur d’activité parce que finalement, en tant que directeur financier, il occupait une fonction support dans l’entreprise et que l’on retrouve celle-ci dans tous les secteurs. Il se présentait donc comme un généraliste, un couteau suisse.
Il n’a jamais pris réellement le temps de définir son projet. Quand on lui demandait s’il avait un projet clair, bien défini, unique, il répondait par l’affirmative mais dès qu’il en parlait, on ressentait rapidement que c’était le flou artistique et que finalement il attendait que ce soit les autres qui choisissent à sa place.
Son profil LinkedIn était dans un piteux état :
- une photo qui datait d’au moins 8 ou 10 ans, trop petite. C’était un copain qui l’avait prise avec son iphone. Jean était trop prêt du mur et on voyait son ombre derrière lui. C’était très moche mais il ne s’en était pas aperçu. Sa photo n’était vraiment pas terrible, elle desservait son image professionnelle et elle ne donnait vraiment pas envie de le rencontrer. Jean n’était pas serein sur sa photo, il ne souriait pas et il n’inspirait pas confiance. Et puis elle était en noir et blanc, ce qui n’arrangeait rien. Il donnait vraiment l’image de quelqu’un qui appartenait désormais au passé. Sa photo LinkedIn n’était pas une photo professionnelle.
- il avait tout de même mis une bannière LinkedIn. Au début il avait mis un mur de mots clés mais on lui avait expliqué que c’était passé de mode. Alors il s’était décidé de mettre une photo des montagnes enneigées, là où il avait l’habitude de se rendre chaque année. Il n’y avait pas d’êtres humains sur sa bannière et cela lui correspondait car il préférait largement travailler tout seul que de travailler en équipe.
- il avait indiqué dans son titre qu’il était à la recherche d’une opportunité et qu’il était disponible tout de suite. Bien sûr il avait activé la fonctionnalité Opentowork pour montrer à tout le monde qu’il recherchait activement en arborant la joli écharpe verte avec l’étiquette Opentowork sur sa photo de profil. Il avait entendu tout et son contraire à propos de l’affichage Opentowork mais finalement il préférait écouter des copains plutôt qu’un spécialiste des transitions professionnels.
- il n’avait pas personnalisé l’url de son profil parce qu’il ignorait tout simplement ce que c’était et à quoi cela servait.
- bien sûr il n’avait pas activé le mode créateur LinkedIn car il en ignorait également l’existence et encore moins à quoi cela pouvait lui servir
- l’adresse principale qu’il avait renseignée dans son compte LinkedIn était une adresse gmail et en plus elle contenait des chiffres, c’était quelque chose comme johnny62@gmail.com un peu comme au temps des radios CB où les conducteurs de camions avaient une pancarte avec leur pseudo : johnny62. Bref tout sauf une adresse mail professionnelle.
Jean ne connaissait pas l’existence de la démarche Réseau. Le réseautage était quelquechose qui lui était parfaitement inconnu. C’est normal car d’une part le networking ne lui avait pas été enseigné dans son école de commerce et d’autre part c’était la première fois de sa carrière qu’il rencontrait de telles difficultés à trouver son prochain poste et qu’il commençait à ressentir qu’on ne cherchait plus tout à fait comme avant. Et puis, personne ne l’avait prévenu qu’il fallait apprendre à networker.
Jean, le demandeur d’emploi, ne connaissait pas la différence entre un entretien Réseau et un entretien de recrutement. Quelque soit son interlocuteur, Jean demandait s’il y avait des opportunités ou s’il y allait y en avoir dans les prochains mois. Bien sûr, il n’avait jamais de carte de visite sur lui.
Inlassablement il continuait de répondre aux annonces sur les jobboards.
Même si son profil LinkedIn était extrêmement peu renseigné, il finit pas l’utiliser. Il y passait même quelques heures par jour. Il contactait de nombreux professionnels inconnus. Il obtenait beaucoup de rendez-vous. Il était surpris d’ailleurs d’en obtenir autant et que ceux-ci se passent très bien. Le problème c’est que le temps passait et ces rendez-vous ne donnaient rien au final. De temps en temps, il y avait bien une piste ou deux qui germait mais cela s’arrêtait là. De plus, ses relations qui lui avaient pourtant bien promis au départ de l’aider et de le prévenir si une opportunité se présentait, ne lui donnaient plus signe de vie. Elles lui avaient promis également de faire circuler son CV. Il s’était d’ailleurs terriblement dépêché de le mettre à jour dès le début de ses recherches mais en réalité cela n’avait rien donné non plus. Son CV était longtemps resté sur une pile de dossiers avant de terminer… à la poubelle.
Un an après être parti beaucoup trop vite, la fleur au fusil, sans méthode, sans organisation, Jean le demandeur d’emploi s’est heureusement rendu compte qu’il faisait fausse route. Il se décida alors à investir sur lui-même pour se faire aider et se transformer en trouveur d’emploi.
Le trouveur d’emploi
Dès qu’il s’est retrouvé sur le carreau, Franck a accusé le coup également mais il a rapidement compris qu’on ne cherchait plus un job comme avant et qu’il fallait qu’il professionnalise tout de suite sa démarche pour pas que de moins bons que lui obtiennent les bons postes.
On lui confiait de moins en moins de choses à faire, il était de moins en moins informé. Presque plus personne ne passait le voir et son bureau était devenu un joli placard.
Bien entendu, Franck, le trouveur d’emploi, souhaitait lui aussi retrouver un nouveau job dans des délais raisonnables, mais pas n’importe quel job, le bon job ! Le job qui avait du sens pour lui, qui le passionnait, le motivait, l’épanouissait. Pour le trouver, il ne s’y prit pas n’importe comment. Il n’avançait pas au hasard. Il savait qu’il fallait savoir investir sur soi et qu’il serait beaucoup plus performant en étant accompagné, et c’est grâce à cela qu’il fut bien préparé. Comme toujours, le succès résidait dans la préparation. Inutile de courir, il fallait partir à point !
Il se connaissait bien. Il avait identifié son Why, ses besoins, ses motivations, ses compétences, ses valeurs. Il savait ce qu’il voulait faire, et surtout ce qu’il ne voulait plus faire. Son projet était défini de manière claire, précise et unique. Il savait se présenter de façon synthétique et convaincante. Franck s’était beaucoup préparé.
Son profil LinkedIn était au top, parfaitement renseigné vis à vis de l’algorithme, des personnes qu’il rencontrait dans le cadre de son réseautage, et vis à vis des professionnels du recrutement. Son SSI était supérieur à 70 et il y avait toujours au moins 800 à 1000 personnes qui avaient consulté son profil LinkedIn dont de nombreux recruteurs depuis les trois derniers mois. Il savait communiquer sur LinkedIn pour faire grimper l’audience. Il ne passait pas plus de 30 minutes par jour sur LinkedIn. Chaque semaine Franck consacrait quatre jours sur cinq au networking. Le réseautage efficace pour trouver un job n’avait pas de secrets pour lui !
Le trouveur d’emploi a appris la démarche Réseau pour trouver un job. Il a l’esprit Réseau. Il fuit les toxiques. Il enchaîne entre cinq et dix entretiens Réseau par semaine et progressivement il se rapproche de sa cible. Il sait activer le Réseau pour sortir rapidement de son cercle de niveau 1. Il sait qu’il va obtenir l’information pertinente qui va lui permettre de trouver son job dans ses cercles de niveau 3, 4 et plus.
Contrairement au demandeur d’emploi, le trouveur d’emploi ne demande jamais de job. Il ne demande que des informations, des avis, des conseils, des noms de contacts. Et avant toute chose, le trouveur d’emploi et un donneur ! Il joue Réseau. Il donne de son temps, il cherche à aider ses interlocuteurs. Il sème parce qu’il sait que tôt ou tard, il va récolter et le Réseau va lui rendre.
Franck a mis 8 mois pour trouver le bon job.
La morale de cette histoire est qu’au début de votre transition professionnelle, entre demandeur d’emploi ou trouveur d’emploi, il vaut mieux bien choisir et si ce n’est pas le cas, le succès est au rendez-vous pour qui sait changer à temps.
Pour en savoir plus sur les tendances actuelles du marché du travail, consultez l’article sur les grandes tendances du marché du travail publié par Michael Page.